
Il y a deux écoles sur le plan à 3, selon la configuration dans laquelle vous vous trouvez :
Après des semaines de tergiversations, d’organisation aussi (ce moment où tu t’es demandé s’il n’aurait pas été plus simple de faire un doodle), tout le monde est d’accord, ton/ta partenaire est plus chaud-e que le climat, nous y voilà, c’est plan à 3 ce soir : un-e troisième partenaire de jeux qui vous plait à touTEs les deux (ce qui déjà peut être une gageure en soi) ne va pas tarder à débarquer. Si tu es en couple, tu sans doute même fixé des règles, des limites, des envies particulières.
Ou alors, deuxième possibilité, tu ne sais pas trop pourquoi, mais il se trouve que là, ces deux ami-e-s avec qui tu étais en train de parler tranquillement de la prison à vie pour Balkany sont actuellement en train d’enlever leurs pantalons, et on ne peut pas dire que ça te laisse de marbre, alors tu décides de rejoindre le mouvement, c’est pas tous les jours qu’on peut rigoler (on est d’accord que ceci arrive somme toute rarement, et on peut aussi provoquer le destin avec des applis type 3nder, ou des sites de rencontres libertines).
Selon cette configuration de base, voici les clés de la réussite :
Déterminer les forces en présence : trio HHH, FFF, HFF, FHH. (femme/homme). Gays, bisexuels, pansexuels, trans, skoliosexuel, (attiré-e-s par les personnes non-binaires…), hétéros : on ne fait pas un HHF de la même manière avec deux hommes bis ou deux hommes hétéroflexibles. Si BDSM il y a, qui est soumis-e, dom, switch?
Un trio classique, ou bien un trip candauliste (l’un-e sera en posture de voyeur/voyeuse), voire cuckholding (cette même personne aimera l’humiliation infligée par la jalousie de principe à voir son/sa partenaire avec un-e autre). Mélangisme, côte-à-côtisme avec l’un-e qui préfère seulement se caresser… La bonne nouvelle, c’est que vous ne manquez pas de possibilités.
Seulement, sachez qu’à moins d’être dans l’abondance totale avec un grand lit king size, trouver une position sur un deux places qui convienne à tout le monde nécessite un peu de distance pragmatique sur le futur déroulé des opérations (ce qui se complique encore davantage en présence d’un clic clac). Et une fois que l’un-e est en dessous, l’autre de guingois, si la position vous lasse ou que la tendinite vous guette, se mouvoir avec sensualité sur 80cm2 de draps froissés peut décourager les meilleures volontés. Au final, un grand tapis fera sans doute mieux l’affaire.
Dans tous les cas, énoncer clairement ses désirs, ou ses limites, permet à tout le monde de pouvoir se positionner – au sens propre. Selon les forces hétéros/bis/homos en présence, vous pourrez profiter de la vue en alternant sexe oral, caresses et pénétration : on pourrait s’allonger, toi tu pourrais te mettre sur le ventre, tiens tu veux un oreiller?
Pour éviter le grand écueil du plan à plusieurs – à savoir, le sentiment d’exclusion de la part d’un-e partenaire, qu’iel soit en couple avec vous ou non – il faut savoir jouer du regard. Si vous passez un certain temps à jouer avec l’un-e , regardez l’autre, invitez le/la à se caresser, marquez lui une certaine attention (se retrouver en position de voyeur/se peut s’avérer frustrant, à la longue). Des caresses aussi, beaucoup, des baisers, des mots, évidemment, ça évite le sentiment d’objectivation, surtout si on est la tierce personne avec un couple établi. Les premières fois, la pratique du slow-sex présente l’avantage de mesurer l’aisance de tout ce petit monde. Ce n’est donc peut être pas la peine de se mettre tout de suite à quatre pattes.
Messieurs hétérosexuels qui fantasmez depuis des années sur un plan à 3 avec deux femmes, ce message vous est particulièrement adressé, surtout si vos partenaires de jeu sont elles-mêmes bisexuelles : non, le sexe entre femmes n’est forcément pas doux, avec des caresses mignonnes et des fondus enchainés. Mesdames, c’est le moment ou jamais de rentabiliser ce harnais en cuir acheté un jour de folie à Démonia.
Quoi qu’il en soit de la configuration de base, le problème du plan à 3 prévu en avance, c’est qu’il est prévu en avance. Peut être qu’on va laisser tomber les bougies et la compilation baise, histoire de ne pas se coller trop la pression non plus. Et s’enliser dans des conversations interminables parce qu’on est embarrassé peut aussi signifier, j’ai besoin de temps pour réfléchir.
Si le plan se fait de manière impromptue (bande de veinard-e-s), je crois qu’il est important de laisser toute sa place à la petite gêne qui peut monter quand on se retrouve en POV avec des inconnu-es-: tiens, je ne l’avais jamais vue sous cet angle, la voisine. Et de ne pas se sentir trouble-fête si on doit interrompre cette petite partouze improvisée, fut-ce pour une courte pause avant de reprendre ses esprits (et du lubrifiant).
S’il y a pénétration, avec verges ou avec jouets, prévoir masse de capotes, parce que qui dit alternance dit aussi warning (je conseille au passage ce podcast assez drôle d’une journaliste qui enquête sur l’origine de sa chlamydia et remonte le fil de ses partouzes).
D’expérience, c’est mieux si l’un-e d’entre vous se charge, même momentanément, d’organiser les opérations – quitte à tourner dans ce rôle. Ca permet à celles ou ceux qui ne sont pas rompu-e-s à l’exercice de déposer une certaine charge mentale : de se sentir guidé-es et accompagné-es. Si c’est vous qui tenez ce rôle, sachez que l’attention au bien être et au consentement de vos partenaires vous incombera davantage – enfin, ne faites pas comme moi qui ai interrompu un plan à plusieurs au motif que la fille ne gémissait pas beaucoup, je crois qu’elle n’est pas hyper d’accord là, si? Ah si…. Ok, pardon, on reprend.
Si on est dans une configuration deux hommes hétéros et une femme, n’oublions pas qu’il y a d’autres possibilités que la double pénétration (pratique qui demande un minimum de lâcher prise), qu’on est pas obligée d’y aller comme au turbin (parce que oui, une dans la bouche et l’autre dans la chatte/le cul, ça file des crampes). La double pénétration vaginale avec un peu de préparation, vous n’y aviez pas songé mais maintenant que vous y pensez…?
Et les possibilités, il y en a plein (malheureusement, on n’est pas dans le queer friendly, j’ai rien trouvé de NSFW qui soit vraiment satisfaisant) – et rappelons nous qu’en l’absence de caméras et/ou de coachs sportifs, on est vraiment pas obligé-e-s d’en faire des performances non plus.



