2020 commence avec son lot de résolutions toutes meilleures les unes que les autres. Dry january. Accro yoga le dimanche soir. Traiter ta phobie administrative (surtout si tu conduis une mesure d’austérité au gouvernement). Aller baiser ailleurs et rester en couple.
C’est un fait : pour la première fois dans l’histoire de nos relations, nous expérimentons la seuxalité longue durée avec un-e partenaire priviliégié-e, et en plus de ça, on voudrait que ça soit 1.magique 2. magique et 3. magique. Breaking news : ca ne fonctionne pas à tous les coups, et Esther Parel explique pourquoi dans cette Ted’s Talk Comment faire durer le désir dans une relation?
Le désir se nourrit de distance et de nouveauté. C’est comme ça. Alors tant mieux si votre partenaire vous apparait suffisamment mystérieux/se pour susciter votre désir aussi surement qu’au premier jour. Tant mieux si de la lingerie affriolante et quelques sex toys suffisent à combler chez vous ce besoin d’inédit.
Mais…. Force est de constater que les fantasmes de tout un chacun concernent grosso modo 3 typologies : 1° le sexe à plusieurs – idéalement le plan à 3 plutôt que le gang bang ; 2° le sexe en public ou dans des endroits nouveaux ; 3° les rapports de pouvoir.
Eh oui! Ca serait tellement plus simple si on fantasmait sur une sexualité joyeuse au milieu des arbres qui bourgeonnent avec des cabanes à déchets renouvelables à côté de nous….

Mais c’est OK aussi d’avoir de tels écarts entre les fantasmes que nous souhaitons avoir et les fantasmes que nous avons vraiment (« fils qui se tape sa mère » étant en assez bonne place dans les recherches les plus fréquentes sur le pornhub hétéro, eh oui).
Donc. Après des semaines, ou des mois, de sexualité monogame satisfaisante ; durant lesquels chacun de vos orgasmes venait vous lier férocement à l’amour de votre moitié ; vous commencez à admettre qu’avoir du désir pour quelqu’un d’autre ne fait pas de vous, ou de la dite moitié, un-e sombre connard-e. Voire, vos récentes expériences amoureuses s’étant échouées contre cet écueil, vous comprenez qu’on ne va pas non plus faire semblant de vivre dans Tristan et Yseult toute notre vie – et que instaurer des règles de couple libre est un bénéfice certain pour la longévité du couple.
De toutes manières, c’est dur de délimiter clairement une infidélité : est-ce tromper? Est-ce séduire? Est-ce partager un tiramisu avec regards langoureux et rires mutins?
Esther Parel, encore elle, (mais c’est vraiment la gourou de l’infidélité, elle est géniale) explique dans cette autre conférence en lien ici (« Je t’aime, je te trompe ») que : » la monogamie n’a rien à voir avec l’amour. Elle a été inventée par les hommes pour s’assurer de la fidélité des femmes, pour savoir de qui sont ces enfants et à qui ira la vache quand je mourrai. »
« L’infidélité n’a pas grand chose à voir avec le sexe finalement, l’infidélité a à voir avec le désir. Désir de se sentir vivant-e, important-e. »
Mais c’est épineux, il faut bien l’avouer. Ce n’est pas parce qu’on se déclare joyeusement ouvert-e après deux verres de vin et autant de semaines de relation que, quelques temps plus tard, on ne tape pas une crise de nerfs devant un message énamouré / un historique de porno / un week-end séminaire et sodomie.
Alors partons du principe d’ambivalence que : Si vous instaurez des règles, vous vous sentirez plus en confiance pour communiquer. Mais -> si vous instaurez des règles, vous mettez également en place certains interdits que l’autre aura peut être envie de franchir. Va falloir faire avec buddies. La bonne nouvelle c’est qu’il y autant de possibilités d’expérimenter le couple libre que d’occasions de flancher.

- Le couple libre mélangiste (c’est à dire, des plans à 3 ou plus, mais toujours en présence de l’autre). On peut aussi commencer par du cote à cotisme (soit du voyeurisme mignon avec un autre couple par exemple) histoire de ne pas se retrouver avec une crise de jalousie inopinée au mauvais moment. Attention à délimiter des règles : bisou sur la bouche, fellation exclusive …? – sans non plus devenir staliniens (je te préviens tu n’éjacules que sur moi hein!). Pour trouver des partenaires, il y a moult sites de rencontres libertines, perso je conseille celui-ci pour les couples.
- Le couple libre par intermittences. Typiquement : partons du principe qu’on a pas le droit de coucher ailleurs. Et si ça arrive, ça arrive! A partir de là, il faut définir : 1 – est-ce que j’ai envie de le savoir? 2 – est ce que l’autre a envie de le savoir? Ici, il faudra veiller à ce que la moindre soirée sans l’autre ne soit pas sujette à crises d’angoisses, surtout si vous rentrez à 7h du mat en sentant
la chattel’alcool. - Le couple libre sexuellement : on voit des amant-e-s, mais c’est juste pour coucher ailleurs. Ca parait idéal je sais, mais bon courage pour trouver des partenaires dans ce cas, sauf si vous avez le physique de Xavier Dolan (partons du principe que l’offre et la demande en la matière différent selon que vous soyez homme ou femme) (et hétéro ou gay). Autre problème : si ça se passe vraiment bien sexuellement avec quelqu’un vous aurez envie de le/la revoir. Donc vous nouerez une forme de relation avec lui/elle, avec des conversations, peut être de la tendresse… C’est naïf de se dire, non non, on va juste frotter nos parties génitales les unes contre les autres mais ça s’arrête là, t’inquiète.
- Le couple libre qui accepte les incartades plus largement : D’accord, tu peux dormir chez l’autre, oui tu peux avoir d’autres liaisons, voire on se raconte nos plans pour s’émoustiller et/ou rigoler. Notons que bien souvent, le/la partenaire en couple est aussi celui/celle qui est privilégiée, dans beaucoup de domaines (ce qui demande une grande ouverture d’esprit, on s’en doute, et aussi une forme de sécurité, une communication fluide, tout ça)

- Les couples polyamoureux. Alors là moi je voue à ces couples une admiration sans bornes. Déjà pour leur absence de possessivité, de jalousie, pour l’acceptation que l’autre puisse tomber amoureux/se (même un peu vite fait) sans se sentir abandonné-e ou en insécurité. Sans parler de l’agenda qui doit rapidement ressembler à rien.

Evidemment, pour peu qu’on évoque ces problématiques d’infidélité/de jalousie/de couple libre/de communauté anarchiste ; il y aura toujours les sceptiques, les frileux/ses, les pessimistes, qui vous diront : bah moi j’en connais et ça ne marche jamais….Il y en a toujours un-e qui finit par souffrir.
Rappelons que notre époque n’est pas précisément florissante en termes de durée de vie des couples. Qu’un couple sur deux se sépare au bout de 3 ans, en moyenne, statistiques aggravées par l’arrivée d’un enfant, la vie citadine, les gaz à effets de serre. Donc de toutes manières, qu’on se déclare en couple libre ou non, les chances pour que vous souscriviez à une pension de retraite privée à 83 ans restent assez minces (enfin on l’espère) (pour la pension privée du moins).
Donc d’ici là, gardons espoir, et rappelons nous que nous vivons une époque fascinante sur la question de l’amour et du couple longue durée. Parce que nous pouvons fixer notre propre cadre.