Comment instaurer un couple libre?

2020 commence avec son lot de résolutions toutes meilleures les unes que les autres. Dry january. Accro yoga le dimanche soir. Traiter ta phobie administrative (surtout si tu conduis une mesure d’austérité au gouvernement). Aller baiser ailleurs et rester en couple.

C’est un fait : pour la première fois dans l’histoire de nos relations, nous expérimentons la seuxalité longue durée avec un-e partenaire priviliégié-e, et en plus de ça, on voudrait que ça soit 1.magique 2. magique et 3. magique. Breaking news : ca ne fonctionne pas à tous les coups, et Esther Parel explique pourquoi dans cette Ted’s Talk Comment faire durer le désir dans une relation?

Le désir se nourrit de distance et de nouveauté. C’est comme ça. Alors tant mieux si votre partenaire vous apparait suffisamment mystérieux/se pour susciter votre désir aussi surement qu’au premier jour. Tant mieux si de la lingerie affriolante et quelques sex toys suffisent à combler chez vous ce besoin d’inédit.

Mais…. Force est de constater que les fantasmes de tout un chacun concernent grosso modo 3 typologies : 1° le sexe à plusieurs – idéalement le plan à 3 plutôt que le gang bang ; 2° le sexe en public ou dans des endroits nouveaux ; 3° les rapports de pouvoir.

Eh oui! Ca serait tellement plus simple si on fantasmait sur une sexualité joyeuse au milieu des arbres qui bourgeonnent avec des cabanes à déchets renouvelables à côté de nous….

Chérie cette robe rouge t’irait à ravir

Mais c’est OK aussi d’avoir de tels écarts entre les fantasmes que nous souhaitons avoir et les fantasmes que nous avons vraiment (« fils qui se tape sa mère » étant en assez bonne place dans les recherches les plus fréquentes sur le pornhub hétéro, eh oui).

Donc. Après des semaines, ou des mois, de sexualité monogame satisfaisante ; durant lesquels chacun de vos orgasmes venait vous lier férocement à l’amour de votre moitié ; vous commencez à admettre qu’avoir du désir pour quelqu’un d’autre ne fait pas de vous, ou de la dite moitié, un-e sombre connard-e. Voire, vos récentes expériences amoureuses s’étant échouées contre cet écueil, vous comprenez qu’on ne va pas non plus faire semblant de vivre dans Tristan et Yseult toute notre vie – et que instaurer des règles de couple libre est un bénéfice certain pour la longévité du couple.

De toutes manières, c’est dur de délimiter clairement une infidélité : est-ce tromper? Est-ce séduire? Est-ce partager un tiramisu avec regards langoureux et rires mutins?

Esther Parel, encore elle, (mais c’est vraiment la gourou de l’infidélité, elle est géniale) explique dans cette autre conférence en lien ici (« Je t’aime, je te trompe ») que : » la monogamie n’a rien à voir avec l’amour. Elle a été inventée par les hommes pour s’assurer de la fidélité des femmes, pour savoir de qui sont ces enfants et à qui ira la vache quand je mourrai. »

« L’infidélité n’a pas grand chose à voir avec le sexe finalement, l’infidélité a à voir avec le désir. Désir de se sentir vivant-e, important-e. »

Mais c’est épineux, il faut bien l’avouer. Ce n’est pas parce qu’on se déclare joyeusement ouvert-e après deux verres de vin et autant de semaines de relation que, quelques temps plus tard, on ne tape pas une crise de nerfs devant un message énamouré / un historique de porno / un week-end séminaire et sodomie.

Alors partons du principe d’ambivalence que : Si vous instaurez des règles, vous vous sentirez plus en confiance pour communiquer. Mais -> si vous instaurez des règles, vous mettez également en place certains interdits que l’autre aura peut être envie de franchir. Va falloir faire avec buddies. La bonne nouvelle c’est qu’il y autant de possibilités d’expérimenter le couple libre que d’occasions de flancher.

Bah on avait dit polyamour mais là ça fait beaucoup non?
  • Le couple libre mélangiste (c’est à dire, des plans à 3 ou plus, mais toujours en présence de l’autre). On peut aussi commencer par du cote à cotisme (soit du voyeurisme mignon avec un autre couple par exemple) histoire de ne pas se retrouver avec une crise de jalousie inopinée au mauvais moment. Attention à délimiter des règles : bisou sur la bouche, fellation exclusive …? – sans non plus devenir staliniens (je te préviens tu n’éjacules que sur moi hein!). Pour trouver des partenaires, il y a moult sites de rencontres libertines, perso je conseille celui-ci pour les couples.
  • Le couple libre par intermittences. Typiquement : partons du principe qu’on a pas le droit de coucher ailleurs. Et si ça arrive, ça arrive! A partir de là, il faut définir : 1 – est-ce que j’ai envie de le savoir? 2 – est ce que l’autre a envie de le savoir? Ici, il faudra veiller à ce que la moindre soirée sans l’autre ne soit pas sujette à crises d’angoisses, surtout si vous rentrez à 7h du mat en sentant la chatte l’alcool.
  • Le couple libre sexuellement : on voit des amant-e-s, mais c’est juste pour coucher ailleurs. Ca parait idéal je sais, mais bon courage pour trouver des partenaires dans ce cas, sauf si vous avez le physique de Xavier Dolan (partons du principe que l’offre et la demande en la matière différent selon que vous soyez homme ou femme) (et hétéro ou gay). Autre problème : si ça se passe vraiment bien sexuellement avec quelqu’un vous aurez envie de le/la revoir. Donc vous nouerez une forme de relation avec lui/elle, avec des conversations, peut être de la tendresse… C’est naïf de se dire, non non, on va juste frotter nos parties génitales les unes contre les autres mais ça s’arrête là, t’inquiète.
  • Le couple libre qui accepte les incartades plus largement : D’accord, tu peux dormir chez l’autre, oui tu peux avoir d’autres liaisons, voire on se raconte nos plans pour s’émoustiller et/ou rigoler. Notons que bien souvent, le/la partenaire en couple est aussi celui/celle qui est privilégiée, dans beaucoup de domaines (ce qui demande une grande ouverture d’esprit, on s’en doute, et aussi une forme de sécurité, une communication fluide, tout ça)
Et là il m’a fait mais tellement jouir!
  • Les couples polyamoureux. Alors là moi je voue à ces couples une admiration sans bornes. Déjà pour leur absence de possessivité, de jalousie, pour l’acceptation que l’autre puisse tomber amoureux/se (même un peu vite fait) sans se sentir abandonné-e ou en insécurité. Sans parler de l’agenda qui doit rapidement ressembler à rien.
Lundi Marie, Mardi Paul, mercredi Camille…

Evidemment, pour peu qu’on évoque ces problématiques d’infidélité/de jalousie/de couple libre/de communauté anarchiste ; il y aura toujours les sceptiques, les frileux/ses, les pessimistes, qui vous diront : bah moi j’en connais et ça ne marche jamais….Il y en a toujours un-e qui finit par souffrir.

Rappelons que notre époque n’est pas précisément florissante en termes de durée de vie des couples. Qu’un couple sur deux se sépare au bout de 3 ans, en moyenne, statistiques aggravées par l’arrivée d’un enfant, la vie citadine, les gaz à effets de serre. Donc de toutes manières, qu’on se déclare en couple libre ou non, les chances pour que vous souscriviez à une pension de retraite privée à 83 ans restent assez minces (enfin on l’espère) (pour la pension privée du moins).

Donc d’ici là, gardons espoir, et rappelons nous que nous vivons une époque fascinante sur la question de l’amour et du couple longue durée. Parce que nous pouvons fixer notre propre cadre.

Faut-il pimenter sa vie sexuelle?

Difficile d’y échapper : les injonctions à explorer notre sexualité sous un angle kinky dépassent la seule lignée des magazines dits féminins. Lesquels, cela dit, dictent tout de même 10 pratiques à tester au moins une fois dans une vie : maintenant, on peut donc clamer tranquillement que si à 50 ans, tu n’as pas joué du martinet sur un-e partenaire saucissonné-e en public (de préférence dans un donjon à 70 balles l’entrée), eh bien t’as raté une belle occasion de contrebalancer l’absence de rolex à ton poignet.

Ainsi, le monde du cul se diviserait en deux espaces bien distincts : à ma droite les couples plutôt vieux monde, monogames et ennuyeux, qui ne s’extraient d’un missionnaire mensuel qu’à la faveur d’un adultère sous forme de sextos avec le/la stagiaire, englués dans une hétéronorme pesante, qui n’auraient pas bien compris que la pénétration n’est plus une fin en soi, allant cependant manifester avec enthousiasme contre la PMA et diffusant des idées bien arrêtées sur la manière de conduire une sexualité couleur catho, aussi progressiste donc que la collection Dim de Jean Paul XVIII.

« Slip du pape » dans le moteur de recherche donc.

A ma gauche, des pansexuels jeunes et décomplexés, en couple libre ou polyamoureux, multipliant les occasions de s’éclater, maniant avec brio le shibari et les soirées échangistes, dessinant avec enthousiasme un univers joyeux de fesses épanouies et de verges repues, militant pour du porno queer et éthique entre deux écoutes de podcast cools sur le plaisir prostatique.

Aussi, pour créer de la porosité entre ces deux espaces, afin de dépasser les préjugés/les blocages et surtout l’ennui insidieux qui s’installerait inexorablement au fil des mois à deux, on vous conseille de « pimenter votre vie sexuelle » : ie, d’y instituer un côté plus trash, avec la parole, les jouets, ou même la douleur. On vous conseillera pour les fetes des menottes en moumoute rose, des bandeaux pour les yeux, enfin tout un attirail 50 shades of grey bas de gamme, à même soi disant de « Pimper » son rapport au cul – injonctions ou conseils qui indiquent grosso modo que ta sexualité est jugée comme morne ou routinière, c’est de ta faute, tu n’as plus qu’à claquer un PEL en baillons, cordes, vibros et j’en passe. Pimenter serait donc le mot joli pour ajouter de la contrainte, ou de la douleur.

Maia Mazaurette, qu’on ne présente plus, a proposé cette Ted-s Talk sur le sujet, que je trouve assez fascinante puisqu’elle propose de prendre le contrepied des préceptes de nouveauté et de piment en acceptant l’ennui sexuel. Ce n’est quand même pas banal d’affirmer qu’on va décroitre le plaisir en y ajoutant une tonalité proche de la douleur, ou de la contrainte. Si on suit bien la logique jusqu’au bout, quand vous déprimez face à un petit salé de tofu aux lentilles bio, il ne s’agit pas seulement d’y ajouter un peu de pili pili. Donnez-vous donc des petits coups de fourchette sur la langue, bande de coincé-e-s.

Le rapport à la douleur et à la contrainte ne va pourtant pas de soi. C’est OK d’avoir une appétence pour le BDSM, qui est d’ailleurs un ensemble de pratiques souvent bien plus complexes qu’on ne l’imagine, et c’est tout aussi OK de ne pas fantasmer sur un rapport de pouvoir (car le jeu du BDSM tourne finalement autour de ce sujet). Etre attaché-e par exemple peut fortement devenir ennuyeux, d’une part parce qu’on est privé-e de la liberté de ses mouvements et donc d’une forme de contact choisi, en conscience, d’autre part parce que la charge mentale de celui ou celle qui attache devient conséquente et pas forcément propice à cette danse chorégraphiée que peut devenir un rapport sexuel « réussi ». La douleur comme moteur d’excitation et de fantasmes, qu’elle soit infligée ou subie, ne concerne statistiquement qu’une petite partie de la population, on est pas du tout obligé-e-s d’aimer ça.

Mais le BDSM peut être drole aussi je vous assure

D’un point de vue plus large que celui du cul seul, ces incitations permanentes à sortir de notre zone de confort sont un peu fatigantes (surtout en plein hiver, quand affronter l’extérieur relève déjà de la grosse gageure). Elles forment sous certains aspects une prérogative à s’habituer au stress, et indiquent une inéquation préjudiciable entre une société qui pousse perpétuellement les individus dans leur propre limite et la capacité à ne rien faire, à se reposer, à rester dans son « confort », justement. Pourquoi donc ne pas rester dans ce confort, pour une fois, et faire plutôt de notre sexualité un cocon, quitte à accepter la dose d’ennui et de routine si elles s’invitent, plutôt que de les repousser à grands coups d’innovation perpétuelle?

Et puis, de base, on se méfiera des conseils bien pensants de ces mêmes magazines qui m’ont faire croire pendant longtemps que plus je simulerais, plus le garçon en face serait satisfait, et donc plus je serai « un bon coup », au détriment de mon plaisir. De même, les modes genre 50 shades of grey vulgarisent à l’excès une esthétique qui dépasse le seul donjon rouge et noir, et ce n’est pas avec des draps de soie et des miroirs au plafond que vous deviendrez plus à l’aise avec le cul – vous aurez juste l’air d’être un habitué du Carlton, ce qui commence tout de même à friser avec le ridicule.

Alors, comment faire pour prendre le contrepied de tout cela, et instaurer de la douceur dans notre rapport au cul? (partons du principe ici que vous instaurez ceci avec un-e partenaire plutot régulièr-e, ou en tout cas quelqu’un avec qui les calins sont de mise)

  1. Renouer avec de la tendresse. De la vraie et de l’inhabituelle. Si on se visualise mal flatter un genou avec emphase, sortir des chemins tout tracés seins/sexe/fesses, pour visiter la cuisse, la nuque, les épaules, les pieds, peut devenir franchement emballant. J’ai découvert sur le tard que ma zone érogène première, en dehors des habituelles, était mon omoplate, et ce n’est pas avec un coup d’un soir et/ou dans une soirée privée que ça aurait pu m’arriver.
  2. Renouer avec l’intensité. On ne le dira jamais assez : l’importance du regard! Et de l’intention de ce même regard. Parce que si vous plongez les yeux dans ceux de votre partenaire en songeant à la facture d’elctricité, ça se voit tout de suite, donc posez une intention « cul » et ça sera très « cul ».
  3. Renouer avec les fantasmes. Nous sommes traversé-e-s par à peu près 20000 de fantasmes chaque jour (quoi, pas vous?), alors les convoquer pendant l’acte n’a rien d’anormal, et vous n’êtes pas une mauvaise personne si le fessier du voisin/de la voisine apparait dans votre grotte mentale tandis que votre partenaire actuel-le vous présente le sien. Voire, les formuler (avec tact, parce que vas y je pense trop à la voisine c’est légèrement vexant) peut ajouter une bonne d’excitation à l’affaire
  4. Renouer avec la lenteur. Se déshabiller en prenant tout son temps, (sans forcément plier son caleçon hein, ), embrasser, accepter que ça ne soit pas tout de suite cris d’orfraie et traversins par terre. Voir ce qui vous appelle. Prendre l’autre par la nuque? Souffler dans son oreille? Se brancher à l’autre, toujours. Empathie for ever.
  5. Renouer avec le no-sexe. Oui. Le no-sexe. Prendre le temps de se découvrir nu-e-s, sans obligation d’excitation, encore moins de jouissance à caractère immédiat. Instaurer des zones de recherche, des temps consacrés à la découverte du corps de l’autre, contempler l’arrondi de la hanche, les pectoraux, les poignets. Mettre de la musique, comme dans les années 90. Voire danser un slow. Allumer une bougie. Se débarrasser de la peur d’être trop « straight », ennuyeux.
  6. Ca parait évident, cependant l’injonction à explorer des niveaux évolués du cul a parfois pour corrélat de se jeter sur des partenaires qui ne nous plaisent pas vraiment (coucou mes plans ratés Tinder et autres) : alors, prenez le temps aussi de vous sentir bien avec quelqu’un, de vous sentir satisfait-e sur d’autres niveaux que le cul seul, parce qu’en soi une bonne petite masturbation sinon, ça fait tout aussi bien l’affaire.
  7. S’assumer tel-le quel-le, que vous soyez asexuel-le, sexophobe, ou sexophile (ou non déclaré-e pour le moment). Avec les failles qui en découlent forcément. Rien ne met davantage en confiance qu’une personne qui se connait, et qui pose le cadre de sa vulnérabilité.
  8. Accepter du coup que l’autre ne soit pas toujours dedans, toujours parfait, ce n’est pas grave et sinon, reste toujours le pili pili dans le tofu aux lentilles pour vous consoler.

Peut-on faire de quelqu’un un bon coup?

Bah bien sûr que non les bons coups ça n’existe pas
Il n’y a que du feeling et de l’alchimie et des arcs en ciel

(pour des raisons évidentes de statistiques, cet article est écrit pour les femmes hétérosexuelles)

La situation est désespérée. Tandis qu’une bouche humide sur la votre évoque dans votre esprit un gros poulpe mort, une main farfouille maladroitement en travers de vos parties génitales, vous malmène le téton, vous écrase le torse, et visiblement, votre partenaire prend vos petits bruits de protestation légers pour un encouragement à continuer de la sorte. Pire, il semble parfaitement excité. Les halètements au dessus de vous s’accélèrent, au moins ça ne devrait pas durer trop longtemps, songez-vous avec un certain soulagement mêlé d’amertume. Allez, selon les chiffres qui mesurent le temps du rapport sexuel moyen, ça ne devrait durer plus que quelques minutes. Quant à lui, alors que vous réprimez un baillement, il semble vivre un grand moment de cul. Et pas vous. Tandis qu’il s’agite sur vous en continuant à vous lécher l’oreille, vous grimacez en soupesant la possibilité de remuer davantage le bassin pour abréger ce moment légèrement embarrassant.

En vrai, ce n’est pas si pire hein, faut pas exagérer non plus, vous ressentez quand même un petit quelque chose. Seulement, celui qui intéragit actuellement avec votre enveloppe corporelle est en petit décalage avec ce dont vous auriez besoin. Ca arrive. Trop fort, pas assez, trop caressant, trop oublieux de votre plaisir au profit du sien, ou à l’inverse déterminé à vous faire décoller de manière inutile et vaine, soyons claire : un rabbit bas de gamme aurait mieux fait l’affaire. Ou alors ça manque de fougue, de sensualité, de douceur, et même de technique et pourtant, vous aviez précisé (peut-être un peu trop subtilement d’ailleurs) que la réhabilitation du clitoris dans les manuels scolaires est vraiment une EXCELLENTE chose. Et vous n’osez pas signifier votre déception, dans un mélange de fatigue et de résignation.

Mais qu’est ce qui vous empêche de rediriger votre partenaire sur le droit chemin de l’harmonie de lumière de l’orgasme égalitaire et partagé?

L’empathie sans doute. Car pour l’heure, lui là, il est en pleine montée d’extase, et que je gémis et que je te mords le bras et que je salive derechef et que je ferme les yeux tellement wahou quoi. Du coup, il vous semble qu’un « euh, par contre, là tu me fais un peu mal » ou alors « hmm, non ça c’était mon aisselle » briserait l’ego de l’autre aussi surement qu’une blague féministe dans un congrès de supporters.

ego du mâle < pratiquement rien (ndltr)

De fait, les femmes hétérosexuelles simulent bien plus souvent que les autres. Pourquoi? Sans doute des habitus (allez sois gentille avec le monsieur) + une volonté de performance masculiniste = gap orgasmique garanti. Des nanas expliquent ici pourquoi elles ont simulé l’orgasme ou le plaisir avec leurs partenaires. Typiquement : « elle prétend jouir pour éviter de blesser son mari et a des relations sexuelles satisfaisantes de son côté ».

Parfois, on a le droit de se redonner un peu d’allant avec une bande-sonore familière (j’entends par là le doux bruit de vos propres gémissements, on sait jamais, avec la magie de Pavlov ça pourrait marcher). La simulation ne dure pas forcément durant tout l’acte sexuel d’ailleurs, un petit passage à vide ça arrive aux meilleur-e-s d’entre nous, et hop, on y retourne.

De fait aussi, les hommes pensent souvent être en toute objectivité de « bons coups » (si tant est que ça veuille dire quelque chose, on est d’accord)

En effet, c’est logique, puisque la majeure partie de leurs partenaires a cru bon d’affirmer dans un sourire comblé : oh lala, on m’a jamais fait jouir comme toi, ou bien, plus prudente, ça faisait longtemps que je n’avais pas eu un orgasme comme celui là, hein, bon il se fait tard, je vais prendre le métro. Ca parait une bonne manière de conclure, de rassurer l’autre, de clore cette performance Molière de la meilleure actrice. Mais notons qu’après, si cette personne devient un partenaire régulier (vu que vous dans la vie vous aimez les défis), vous êtes serez un peu dans la merde, vu que l’autre croit VRAIMENT que laminer l’intérieur du vagin avec ses ongles était une idée ma foi originale.

Alors il va falloir commencer à changer la donne les filles, déjà. A arrêter de mentir, même pour faire plaisir. Pensez un peu aux autres, à celles qui vous suivront, à la reconnaissance invraisemblable que vous apportez dans la matière en choisissant d’être sincère et authentique. (ce qui n’est pas l’équivalent de dirigiste et cassante). Mais pensez que si on organise tacitement un mois de la baise hétéro sincère l’humanité va beaucoup progresser.

Principe n1

Sexe heureux, préliminaires joyeux (sauf cas de réticence affichée, bien sûr). Donc si vous sucez sans vous faire lécher, et bien c’est la grève. Seule la lutte paie les copines.Donner et recevoir en juste équilibre : la base. Sérieusement, les gars, vous croyez qu’il n’y a que vous qui aimez ça?

Principe n2

Ne pas toujours parler positif. Typiquement, dire : moi j’adore ci, moi j’adore ça, oh mais c’est tellement génial quand on me fait ceci, comme dans la caverne platonicienne de femme actuelle, donne l’impression que votre enthousiasme n’a pas de limites – ie, que tout est possible avec vous.

Le poulpe mort on a dit non

Donc si quelque chose ne nous convient pas, peu importe les raisons, on le dit et non, on est pas pour autant des mijaurées. L’ambiance n’est pas cassée si tant est que votre partenaire a plus de QI qu’un saule pleureur, au contraire, un mec normal se réjouira d’avoir face à lui une personne capable de formuler clairement quand ce n’est pas ça – ça lui donnera l’assurance de pouvoir expérimenter sans se demander à longueur de temps si là, il n’est pas en train de franchir une de vos limites personnelles.

Principe n3

On prend la main de l’autre et on lui montre comment caresser votre sein, votre clitoris, votre vulve, vos fesses. On oublie pas d’ajouter que ce n’est pas non plus un mode d’emploi, et que la prochaine fois, faudra peut être se réinventer. Pour la facilité, et la démonstration efficace, on préfèrera un montage d’étagère Billy.

Principe n4 (pour les hommes hétéros)

Personnellement, je suis sidérée par le nombre de mecs qui ne savent pas masturber une femme. Alors les gars : imaginez qu’on se saisisse de votre verge et qu’on la tienne sans trop remuer la main. Que ressentez vous? Pas grand chose. Voilà. Donc une fois que vous avez réussi à mettre un doigt/une main/un coude à l’intérieur, ne vous arrêtez pas en si bon chemin, et remuez, bordel. (vite ou lentement, ça, ça dépend de chaque femme, de l’alignement des planètes et de la marée)

Principe n4

Si vous êtes en dessous (version dos/ventre/genoux, peu importe), et que l’autre assène des petits coups trop légers qui en toute objectivité rappellent davantage votre réeducation du périnée qu’une épopée sauvage, prenez le dessus. Ou au contraire, s’il y va comme un bourrin et que vous vous sentez aussi spéciale que le tunnel du Mont-Blanc un samedi noir chez bison futé, réagissez. Montrez comment vous bougez, vous, si vous préférez les requins marteaux, les dauphins qui font des ronds, les murènes sournoises (on tient quelque chose avec cette métaphore n’est ce pas). (c’est à cause du poulpe)

Principe n5

Je n’ai jamais réussi à communiquer de manière subtile, d’arriver à exprimer les nuances (ouais j’avais dit doucement mais là je ne sens plus rien du coup). On est quand même d’accord que l’alchimie immédiate avec les paillettes sur les nipples reste le cas le plus enviable. Et aussi que partir de loin = gros boulot en perspective. Mais en faire un jeu de domination, de jouer les maitresses initiatrices, si l’autre en a envie aussi, ça peut devenir drôle.

Alors tu vas commencer par glisser ton majeur bien droit

Principe n6

A cas vraiment désespéré, mesure désespérée. On n’est pas non plus les mères thérésa du sexe, donc si il ne comprend rien, tant pis pour lui. La mer est grande. Il suffit de clamer votre désir de jouir au monde, il vous récompensera.

(dans cette vidéo : « comment tu t’appelles? On s’en bat les couilles » « tu veux qu’on parle, qu’on parle de ton travail? » = génie)

Le dirty-talk (à caractère féministe, avec les outils de la CNV)

« – Jacques..Jacques, je ressens le besoin d’être prise comme une petite s….. dans le cadre d’une levrette consentie, et ce désir se fait si impérieux qu’il me semble qu’un message clair en ce sens pourrait impulser chez vous un choc érectile dont, si vous êtes d’accord, je pourrai envisager un usage à caractère immédiat.

-Merci Françoise de vous ouvrir ainsi, et bravo d’avoir utilisé les mots justes, qui déclenchent chez moi l’urgence de vous trousser telle une véritable chienne assoiffée de stupre que vous êtes. Enfin, quand je dis chienne, je m’excuse ; je ne voudrais pas avilir ni l’image de la femme sensuelle et débordante de libido que j’aime à faire jouir avant toute chose – vous savez que dans la réflexion que j’aborde en ce moment sur les masculinités non dominantes, pour ne pas dire déviantes, en tout cas à caractère non oppressives, je place votre plaisir avant le mien – ; pas plus que je ne souhaite ternir la représentation de nos amis canins à travers un stéréotype limite zoophile.

-Non Jacques, vous avez raison, ne vous excusez pas, je vous félicite d’exprimer ainsi vos pulsions et de me permettre d’y avoir un accès immédiat. J’accueille votre terme, chienne, et je crois que comme cette discussion se déroule dans un cadre somme toute intimiste, ça n’interfère pas avec notre antispécisme- bien que je vous mette en garde envers le registre des insultes qui minorise les femmes ou assignées comme telles depuis des siècles.

-En effet, Françoise, que diriez-vous que nous passions en revue les insultes ou les mots crus habituellement utilisés dans des rapports sexuels? Vous me disiez, s…….. Consentez-vous à ce que je vous appelle ainsi, lorsque nous serons à l’horizontale et dévêtus tous les deux?

-Cela me convient, puisque son équivalent masculin existe aussi. Je me permets de vous prévenir que dans un souci d’équité, je n’hésiterais pas dans ce cas, si telle est votre envie également, à vous haranguer, comme un bon baiseur de s……, ou bien vous exhorter à me baiser comme un salaud – ces exemples n’étant pas contractuels évidemment, aussi je vous indique que je me permettrais peut être quelques improvisations, mais qu’il ne faudra pas hésiter à me faire connaitre votre point de vue si quoi que ce soit venait à chiffonner votre sensibilité.

-Je consens entièrement et me réjouis déjà, ressentant même à l’heure actuelle un afflux sanguin dans mon membre viril (quand je dis viril, je me réserve le droit de ne pas adhérer entièrement aux théories biologistes essentialistes)

-J’aime tellement votre délicatesse, Jacques (quand je dis délicatesse, je ne cherche pas à vous attribuer une qualité considérée comme féminine et ainsi minimiser l’état pourtant visible de votre membre dressé). Bien que le terme de castratrice interroge des strates subtiles de notre société phallocrate, je m’en défends tout de même. Tout ça pour vous signaler que je suis moi-même actuellement excitée comme une p….

-Euh… p…? N’est ce pas un peu dégradant pour nos camarades prostitué-e-s? Je préfère quant à moi le terme de petite p….., qui par son caractère obsolète se détache des réalités sociologiques qui assombrissent notre jugement »

Difficile de concilier des idées sur le féminisme et la pratique du parler cru dans le cul. (dirty-talk). Quelque part au fond des consciences militantes, demander à être baisée « comme la dernière des s…… »peut donner l’impression d’être une horrible traitresse et de consigner des siècles d’objectivation de la femme dans une seule phrase. Mais le dirty-talk permet aussi de rendre bestiale la plus banale des coucheries. Déjà, parce que l’emploi de certains termes dépend du cadre dans lequel ils sont employés : « que pensez-vous de la sodomie » -> potes ; « j’aimerais bien que tu m’encules » -> rapport sexuel consenti entre adultes éclairés. (quoique, « que pensez vous du fait que j’aimerais bien me faire enculer » puisse constituer@ une intro de partouze improvisée assez remarquable)

Aussi, parce que se sentir objectivé-e, ramené-e au côté vulgaire et cru de l’affaire, ça peut aider à lâcher les chevaux, à entrer dans la zone totalement érotique et dévolue au plaisir seul. A laisser tomber le mental pour se sentir, juste là pendant une heure, vraiment très salace.

Mais ce n’est pas toujours évident d’initier les mots crus – peur de choquer ou de tomber à côté; peur de passer pour un stéréotype masculiniste, etc. On est d’accord évidemment que tout ça se fait dans le ressepect et l’hygiène de chacun, que tout est affaire de contexte aussi ; parce que « viens là que je t’attrape par la chatte » -> so Jacques Chirac) (ah non c’est pas lui en fait) (pardon je m’emmêle avec tous ces vieux présidents).

Comment savoir si votre partenaire aimerait, comme vous, utiliser les injures, insultes, mots vulgaires, sans vous retrouver sur le paillasson, avec le slip/la culotte/la gaine balancé-e par la fenêtre?

La subtilité, peut être, pour commencer: moi, j’adore quand on parle dans le sexe…

Cas de réponse n1 : Moi aussi, mais j’ai du mal avec les blagues par contre, hihi : la personne n’a pas compris le sous-texte, et donc n’est peut être pas coutumière de la grossièreté dans les rapports érotiques. Faites donc des rébus.

Pou phi as (je vous aide un petit peu)

Cas de réponse n2 : Moi aussi, j’adore ça, viens là connard, connasse, et tringle-moi comme je le mérite! Banco, vous êtes tombé-e sur quelqu’un de compatible, pensez simplement à ne pas hurler trop fort des « je vais te défoncer ta chatte de p… ou ton cul de s….. » afin de ne pas ternir définitivement la réputation de votre nouveau/nouvelle camarade de jeu vis à vis de ses voisin-e-s. (ou la votre, s’il vous en reste encore une).

Cas de réponse n3 : Moi aussi, j’adore, je suis quelqu’un de très romantique. Aïe, ce n’est pas du tout ce à quoi vous songiez. Soyez créatif-ve. Tu es un baiseur d’étoiles avec lequel je voudrais surfer sur des vagues de mouille multicolores…

Cas de réponse n4 : Et bien moi je préfère le silence. Voilà, c’est clair comme ça. Reste que vous pourrez toujours échanger un minimum, sans grossièreté et avec politesse (et en chuchotant): Tu veux qu’on change de position? Ton vagin/Ton anus est délicieux mon/ma cher/chère.

A mon sens, c’est compliqué de coucher avec quelqu’un qui ne donne aucun signe d’assentiment, de réprobation, d’enthousiasme (c’est comme ça qu’on en arrive ensuite à prêter une attention démesurée aux gémissements : hmmm = j’aime bien? Hmm Hmm = Encore? hmmmpfffff = cessons cette gorge profonde?), mais il parait que la télépathie, ça marche aussi.

De manière générale, le caractère subtil de ce qui relève de l’affront pur et dur ou de ce qui excite terriblement dépend évidemment du contexte, de la personne, du feeling. Par exemple, draguer quelqu’un puis lui proposer de venir « lui vider les couilles » quand vous ne connaissez pas ni sa voix, ni son visage, ça fait un peu ….. gros connard qui pense qu’à sa gueule? En revanche, une pointe de romantisme, un slow-sex + dirty talk : parangon de l’oxymore qui peut faire des miracles – temps/ silence / j’adore ton petit cul / temps/ silence / oh oui parle moi comme ça / temps/ coup de rein / comme tu as l’air dévoué-e avec ce plug anal (avouez que vous commencez à être excité-e??)

Explications de textes : prenons quelques exemples, pour en déceler le caractère acceptable ou non :

  • Espèce de sale pute, c’est bon hein les queues? les godes?

Alors : sale : pas très joli (a-t-on vraiment de penser ici à tout ce qui relève de l’hygiène?) + pluriel de queues/godes, qui a moins d’un contexte de gang-bang, peut devenir légèrement vexant

  • Alors petite p……, tu l’aimes ma queue? mon gode…?

Beaucoup mieux! On se verra renvoyé à un contexte plus tendre, « aimer » + avec ce « petite » bien plus affectueux (après, notons que cette question finalement assez stupide est à caractère fermé, car à moins d’un immense élan de sincérité, dit comme ça, il est difficile de répondre : euh, non, je préférais celle de mon ex en fait.)

  • Tu veux la défoncer ma chatte de salope ?

Ce terme « défoncer » peut, tout de même, coller la pression à votre partenaire, affublé-e d’un pénis ou d’un toy, peu importe, mais qui va sans doute se sentir obligé-e de manier les coups de reins comme un-e forcené-e. Chatte de salope > si la personne ne vous connait pas, c’est risqué (perso ça me fait penser à un foyer pour MST ).

  • Vas-y tape dans le fond, je suis pas ta mère.

(je vous jure que celle-ci je ne l’ai pas inventée).

Hmmm non, vraiment non. Tape dans le fond : cours d’anatomie de 4eme = croquis d’utérus peu propice à la montée du désir. Image de la mère = vraiment vraiment pas. (l’inconscient n’entend pas la négation : je suis pas ta mère = trauma)

Donc, à moins de tourner dans la catégorie hard, du dirty-talk oui, mais plutot en mode baleine mâle à grosse bosse (avec chants mélodieux et nageoires qui frétillent). Sinon, ça fait juste syndrome de la Tourette.

Si la voix; les mots vous excitent parfois/souvent plus que les images, alors vous allez prendre votre pied sur pillowtalk